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Séminaire

Mémoire, histoire et politique

Paris

Colloque de la Plateforme internationale sur le racisme et l’antisémitisme
PIRA-EPHE

dirigée par Michel Wieviorka et Philippe Portier.
Coordination scientifique : Régis Meyran

En partenariat avec la revue Socio, une revue des Éditions de la Maison des sciences de l’homme, l’Association du Collège d’études mondiales de Paris (ACEMP),
et le média en ligne The Conversation.
Avec le soutien de la DILCRAH.

En quoi les mémoires pèsent-elles sur l’histoire et sur la politique ? En quoi enrichissent-elles, ou au contraire pervertissent-elles le débat démocratique et à la limite menacent-elles la démocratie elle-même ?

À partir des années 1960, une poussée des mémoires et des identités est à l’œuvre dans le monde occidental, et pas seulement. Aux États-Unis, le débat sur la Shoah est certainement fondateur, dans un contexte où le mouvement noir et la mémoire autochtone acquièrent une visibilité nouvelle ou renouvelée. En France, la mémoire des génocides juif et arménien ouvre la voie, mais très vite s’imposent des débats sur des questions notamment liées à la colonisation et à la décolonisation.

Le phénomène, dans sa diversité, exerce des effets variés, d’une part sur l’histoire comme discipline scientifique et sur son enseignement, et d’autre part sur la vie politique et dans le droit. Des drames historiques, jusqu’ici éventuellement oblitérés par l’État ou par de grandes institutions, comme l’Église catholique, sont les uns reconnus publiquement, les autres l’objet de controverses. La judiciarisation de la mémoire se traduit par l’apparition de lois dont certaines divisent les historiens, y compris quant à leur principe même : est-ce au législateur de dire la vérité historique ? La mémoire et l’histoire peuvent être en phase, consensuelles, mais pas nécessairement. La concurrence des victimes peut prendre l’allure d’une guerre des mémoires, et compliquer la tâche des historiens, et le débat peut virer à l’idéologie, à l’instrumentalisation politique ou à la pure polémique.

Ce colloque, construit principalement, mais pas exclusivement, à partir de l’expérience française, propose des analyses depuis la France, mais dans une perspective résolument globale et internationale. Il croise des approches thématiques et l’examen de cas concrets.

PROGRAMME

Mercredi 22 novembre

  • 9h30 – Ouverture

Alain Rouquié, président de la Maison de l’Amérique latine
Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage et ancien Premier ministre

  • 10h15 – Circulations et usages du passé

Modération par Michel Wieviorka
Jean-Michel Chaumont, « L’impact de la concurrence des victimes sur le travail des historiens »
Sonia Combe, « Pourquoi l’extrême droite allemande kidnappe la mémoire de l’holocauste »
Jean-Paul Demoule, « Les Indo-Européens : des ancêtres encombrants ? »

Pause déjeuner

  • 14h15 – Rwanda : où en sommes-nous ?

Modération par Marc Dumont
Jean-Hervé Bradol, « Kibeho, Rwanda, avril 1995. Un massacre impensable »
André Guichaoua, « Le travail de justice et les “vérités judiciaires” au Rwanda comme voie pour sortir des violences ? »
Marc Le Pape, « Des archives en principe inaccessibles. Sur la France au Rwanda (1990-1994) »

Pause café

  • 16h45 – Effets et instrumentalisations

Modération par Pierre-Yves Bocquet
Cécile Alduy, « L’histoire qui ne passe pas. L’instrumentalisation politique des polémiques historiques par l’extrême droite française »
Sandrine Lefranc, « Individualiser l’histoire, adoucir les victimes. Des effets de certaines politiques de mémoire »

Jeudi 23 novembre

  • 9h30 – Algérie : où en sommes-nous ?

Modération par Alain Policar

Catherine Brun, « Jeter le bébé (mémoriel) avec l’eau du bain de la “juste mémoire” ? L’exemple algérien »
Karima Dirèche, « Quand le passé étouffe le présent. Les politiques mémorielles franco-algériennes »
Fabrice Riceputi, « Aphasie coloniale : un syndrome français »

  • 11h15 – Leurs mémoires et les nôtres

Modération par Odile Quintin
Nicolas Bancel, « Mémoires coloniales controversées. Monuments postcoloniaux et projets muséographiques (1990-2014) »
Jean-Pierre Dozon, « De quelques mémoires coloniales toujours incontestées. Territoires, lieux, figures »

Pause déjeuner

  • 14h15 – Sortir du passé ?

Modération par Régis Meyran
Seloua Luste Boulbina, « Hétérochronie et décolonisations »
Gilles Manceron, « La colonisation et la guerre d’Algérie : un passé encore présent »

  • 15h30 – Carrefours

Modération par Nilufer Göle
Michel Marian, « Mémoire du génocide et politique, le cas arménien »
Annette Wieviorka, « Histoire et propagande dans la panthéonisation de Missak Manouchian accompagnée par celle de sa femme »

  • 16h45 – Conclusion et discussion générale animée par Michel Wieviorka et Régis Meyran

Intervenant·e·s :

Cécile Alduy (Stanford University – Sciences-Po)
Nicolas Bancel (Université de Lausanne)
Pierre-Yves Bocquet (FME)
Seloua Luste Boulbina (Université Paris 7)
Jean-Hervé Bradol (directeur du think-tank Crash)
Catherine Brun (Université Sorbonne nouvelle)
Jean-Michel Chaumont (Université catholique de Louvain)
Sonia Combe (Centre Marc Bloch, Berlin)
Jean-Paul Demoule (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Karima Dirèche (Université de Provence)
Jean-Pierre Dozon (IRD)
Marc Dumont (historien de la musique)
Nilufer Göle (EHESS)
André Guichaoua (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Sandrine Lefranc (CNRS)
Marc Le Pape (CNRS)
Gilles Manceron (LDH)
Michel Marian (Sciences-Po)
Régis Meyran (PIRA-EPHE)
Alain Policar (CEVIPOV)
Odile Quintin (ancienne DG de la Commission européenne)
Fabrice Riceputi (IHTP)
Annette Wieviorka (CNRS)
Michel Wieviorka (EHESS)