Le musée du quai Branly – Jacques Chirac organise un colloque sur l’œuvre de Jean-Paul Colleyn, une opportunité unique de plonger dans le travail d’un anthropologue exceptionnel, reconnu internationalement.
Jean-Paul Colleyn, à travers ses études approfondies sur les sociétés africaines, a redéfini les paradigmes de l’anthropologie visuelle. Son engagement envers une approche holistique, intégrant l’ethnographie, la photographie et le cinéma dans ses recherches, éclaire les dynamiques culturelles de manière novatrice. Le colloque explorera la richesse de ses contributions, en mettant en lumière les enjeux religieux africains contemporains (prophétisme, exorcisme, divination). L’impact de Colleyn sur la discipline sera analysé, soulignant son rôle en tant que
pionnier de l’anthropologie visuelle, mais aussi en tant qu’auteur de textes anthropologiques.
Cet événement constituera une occasion pour les chercheurs, étudiants et passionnés d’anthropologie visuelle de dialoguer autour de l’héritage dynamique
de Jean-Paul Colleyn.
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Jean-Paul Colleyn a écrit deux ouvrages publiés aux Éditions de la Maison des sciences de l’homme.
Les « dit-on » et quelques autres récits plus sérieux. Mali, 1980-2020
Des recueils de fables aux enquêtes de terrain en sciences humaines et sociales, les contes et les légendes d’Afrique captivent depuis longtemps de nombreux lecteurs, qu’ils soient ou non occidentaux. En revanche, les rumeurs, les ouï-dire, les anecdotes et autres commérages qui y ont cours et qui peuvent tout autant nous éclairer sur l’organisation d’une société, ses imaginaires et ses représentations, ont été très souvent relégués au second plan. Dans cette anthologie, l’anthropologue Jean-Paul Colleyn et son collaborateur malien Mingoro Sanogo ont rassemblé une cinquantaine de récits, entendus et collectés au Mali entre les années 1980 et les premières décennies du xxie siècle. Néologisme formé par la combinaison des on-dit et des dictons, les « dit-on » sont à la fois de petits contes sur les origines et de véritables paraboles des temps modernes, mêlant fiction et récit autobiographique. En creux, ces histoires brossent ainsi un portrait aux multiples facettes de la société malienne : l’amour, la vie conjugale, la sexualité, tout comme les cultes, leurs dieux, leurs génies et leurs malédictions, émaillent le quotidien que racontent ces témoignages. Plutôt que de se concentrer sur les illustres cultures de cour africaines, connues pour leurs griots et leurs marabouts, ce livre entend réhabiliter les modes moins prestigieux de l’oralité, tout en montrant que le bouche-à-oreille demeure encore aujourd’hui une source d’information tout aussi instructive que savoureuse.
Vivre avec les dieux. Sur le terrain de l’anthropologie visuelle
Véritable édition multimédia, associant films, photographies et textes, Vivre avec les dieux constitue à la fois le carnet de tournage d’une série de films documentaires et une réflexion plus large sur la place de l’image dans le champ de la recherche anthropologique. La série comprend cinq films, réalisés entre 1984 et 1993, et tournés entre l’Afrique de l’ouest et l’Amérique du sud : N’kpiti, la rancune et le prophète, Prophètes en leur pays, Les Dieux-objets, Les Esprits dans la ville et La Nuit des Indiens Pumé. Issus de la collaboration de trois anthropologues français, Marc Augé, Jean-Pierre Dozon et Jean-Paul Colleyn, et de la photographe et productrice Catherine de Clippel, ces cinq documentaires se sont penchés sur différents cultes de possession et rites thérapeutiques, croisant anthropologie visuelle et anthropologie de la maladie. Filmant tour à tour les cultes vodũ du Togo, les rituels célébrant les caboclos, divinités afro-brésiliennes, et les cérémonies du tõhe des Indiens Pumé, la série « Vivre avec les dieux » met ainsi en regard plusieurs « terrains » anthropologiques, dont les similarités comme les différences se répondent et dessinent en pointillés l’évolution du fait religieux, du Togo au Vénézuela, en passant par la Côte d’Ivoire et le Brésil. Vivre avec les dieux constitue donc aussi l’occasion de revenir sur les mutations du religieux dans ces quatre pays, suite aux mouvements de colonisation et de décolonisation. Si cet ouvrage contribue à raconter le passage d’une ethnologie textuelle à une anthropologie visuelle, il permet également d’interroger la notion de représentation, à la fois dans la recherche scientifique et dans le cinéma documentaire, et ce plus particulièrement dans l’étude du fait religieux, où l’image comme la mise en scène règnent.